Moussa Mara, ancien premier ministre du Mali
Certains éléments de contexte s'est empiré. Et là, vraiment, ça crée un cocktail assez difficile à gérer par les gouvernants, où vous avez une insatisfaction croissante des populations et une frustration croissante des populations, et donc une impatience de plus en plus importante des populations vis-à-vis de la gouvernance de nos pays.
Et donc, la volonté qu'il y ait un changement Et c'est là d'autant plus que ce changement puisse être radical. C'est ce que les coups d'État ont montré. C'est l'espoir d'un changement radical, d'un changement profond, d'un changement même de paradigme dans la manière de gérer nos pays. Et cela répond à une attente populaire, d'où une popularité très importante des différentes gentes militaires, qui n'est feinte, c'est vraiment une popularité réelle, qu'il faut prendre en compte dans ce contexte-là.
Donc aujourd'hui, je pense que c'est ce qu'on peut indiquer comme contexte. Après, est-ce que toutes les argumentations développées pour justifier les coups d'État, pour expliquer les coups d'État sont, on va dire, objectifs ? Tout ce qui a un rapport avec ce que j'ai dit tout à l'heure, c'est-à-dire la mauvaise gouvernance, l'incapacité à répondre aux attentes des populations, ça, ça peut avoir des éléments d'objectivité.
Maintenant, tout ce qui a un rapport avec ce que moi je dirais simplement de la propagande pour justifier des actes qui en eux-mêmes sont illégaux, ce sont des arguments qui sont moins justifiables et moins pertinents. Par exemple, la question de la théorie du complot, le complot des grandes puissances contre nos pays, le complot des anciens colonisateurs contre nos pays, la volonté de donner la vraie indépendance à nos pays parce que nos pays ne seraient pas vraiment indépendants ces dernières décennies.
Ça, c'est des questions. C'est des arguments qui sont questionnables et qui peuvent être discutés. Mais nous sommes aussi, et ça, c'est un élément aussi qu'il faut mettre en avant, nous sommes dans un contexte où les populations sont aussi assez ignorantes.
Le taux d'éducation, le taux d'alphabétisation, le taux de la capacité de compréhension des enjeux et nationaux et régionaux et internationaux est assez faible dans nos contextes. Donc ça rend les populations un tout petit peu plus faciles à accepter des explications qui peuvent relever de la propagande ou simplement de la justification à posséder.
Et enfin, L'argument de l'incapacité des pouvoirs civils à amener la sécurité, ça on l'a aussi entendu régulièrement, c'est un argument qui est assez facile puisque les mêmes militaires qui ont commis ces coups d'État, ces mêmes militaires étaient associés à la gestion de la sécurité avec ces autorités civiles-là.
S'il y a une incapacité des civils, cette incapacité est au moins partagée avec les militaires. Donc là aussi, ce sont des arguments qui sont questionnables. mais qui peuvent paraître tout à fait justifiées vis-à-vis d'une population impatiente d'obtenir du changement, frustrée par la gouvernance des précédents leaders et donc qui a envie de croire de nouveau à l'alternative que les militaires semblent constituer au pouvoir civil. C'est ce que je peux dire assez rapidement sur ces questions. Peut-être on reviendra encore dessus ultérieurement.